L'industrie du jeu vidéo est pleine de paradoxes. Le secteur est en
pleine expansion et les perspectives n'ont jamais été aussi bonnes. Mais
les entreprises vivent dans un état de stress permanent. Confrontées à
l'extrême volatilité de la consommation, elles se livrent une
concurrence sans merci. Pour mener ces batailles commerciales elles
développent des stratégies aussi inventives que les scénarios des jeux
les plus en vogue.
Le secteur des jeux vidéo offre un des rares exemples de marché hyper concurrentiel. Les économistes scrutent avec intérêt ces univers
instables hantés par le fantôme de Schumpeter,
où la compétition est si vive et la visibilité si faible que les règles
habituelles de l’économie industrielle ne s’appliquent plus. La vitesse
des changements technologiques, l’intensité de la concurrence, la
faiblesse de la réglementation, la fragmentation des goûts des
consommateurs conduisent à une situation marquée par un déséquilibre
structurel, où un avantage concurrentiel ne dure jamais très longtemps
et où une position dominante peut être un handicap.
Les chercheurs spécialisés ont identifié il y a près de vingt ans les clés de la réussite: se fixer comme objectifs des avantages temporaires, et au lieu de viser la stabilité et l’équilibre, casser systématiquement tout statu quo,
en promouvant l’innovation de rupture. Plus facile à dire qu’à faire…
et surtout ces dynamiques d’innovation ne sont qu’une partie de
l’histoire. Si le développement en interne d’une culture de forte
créativité est essentiel, il ne prend sens qu’en s’articulant avec des
pratiques commerciales extrêmement agressives. Il ne s’agit pas
simplement de ferrailler avec la concurrence, mais bien de développer
des stratégies au sens premier du terme: l’art de la guerre.
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